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Abstract Symphony - Majestic (1999)

Publié le par Mordhogor

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Commençons par un peu de hors sujet, voulez-vous bien ? Et puis de toutes façons, c'est moi qui décide !

Regardez bien la pochette du premier album de Majestic, Abstract Symphony, ne vous fait-elle pas étrangement penser à celle de Gutter Ballet, oeuvre de Savatage sortie 10 ans plus tôt ? Moi si, et j'ai tout de suite cherché la seconde pour voir s'il ne s'agissait pas carrément de la même couverture.

Mais non, il s'agit point d'une copie, même si le théatre classieux est bien présent, avec son lustre de cristal, ses colonnes antiques et ses tentures tendues de velours écarlate. Petit clin d'oeil à une oeuvre aimée des floridiens ou simple coïncidence due au thème amené par le titre de l'album ? Mystère. 

Pour ce qui est du contenu, il n'y a par contre nulle ressemblance. Point de heavy metal, mais du metal neo-classique dans la plus pure tradition de ce qu'a inventé le sieur Yngwie Malmsteen, à cette différence principale que le leader du groupe, le suédois Richard Andersson - celui-là même qui allait briller en 2002 sur l'album des français d'Adagio, Santus Ignis ! -, par ailleurs ami du maestro, est claviériste, et qu'il va bien entendu mettre en avant son instrument. Bon, attention, la guitare épique et véloce sera bel et bien présente, fièrement représentée par le très talentueux Peter Espinoza, et point de place ici aux ébats virtuoses mais orientés metal progressif d'un Andre Andersen (Royal Hunt).

Du mélodique, du rapide, du fédérateur, voilà ce qui nous attend, le tout rehaussé par la voix d'un chanteur d'exception, ici représenté par Jonas Blum, ayant oeuvré sur ce premier album et dont je n'ai trouvé nulle trace par la suite. Si vous avez des nouvelles de lui, je suis preneur !

L'ouvrage est un duel permanent que se livrent guitares et claviers, le tout rehaussé par de splendides mélodies, puisant autant leur inspiration dans le travail de Malmsteen que de Symphony X (l'influence de ces derniers sera cependant beaucoup plus marquée sur le second album du groupe, Trinity Overture). Les influences d'Andersson sont d'ailleurs plus larges que cela, allant - comme Malmsteen en fait - de Rainbow à Vivaldi en passant par Jimmy Hendrix

Dès le premier morceau, Golden Sea, le ton est donné. Une magnifique ouverture en forme de concert d'orgues de cathédrale, puis le martèlement des fûts arrive. La batterie est cependant - on le comprend très vite - relèguée au rang d'instrument rythmique, et n'aura que de courts moments pour réellement s'exprimer. Jonas Blum montre toute sa maîtrise des harmonies, évoluant sur un large registre, et somme toute très semblable en cela aux nombreux chanteurs ayant oeuvré parmi les opus de l'autre suédois déjà cité dans cet article. Il arbitre en quelque sorte et de très belle façon les réponses que se font Andersson et Espinoza. Le morceau est tout ce qu'il y a de plus classique dans ce genre de production, et diablement efficace.

Losers Shades of Hell amène cependant son lot de nouveautés, avec un style que je trouve proche par moments de celui de Magellan, qui est un groupe de pur rock/metal progressif. Les premières lignes de chant de Jonas nous trompent cependant en faisant terriblement penser à Russel Allen, et donc à Symphony X, puis elle change pour prendre une allure beaucoup plus enjouée. La basse est bien mise en avant et le morceau n'est que brisures et cassures bienvenues propres au prog metal, celui que j'ai rencontré sur certains passages de Test of Wills, de Magellan justement. Le morceau ne dépasse cependant pas les 5 minutes, ce qui l'empêche de s'envoler trop haut vers des cieux peut-être un peu distants du néo-classique traditionnel. Belle surprise en tous cas, qui montre qu'Andersson a plus d'une corde à son arc.

On revient en terrain connu, avec une ballade assénée dès la troisième piste, et fort séduisante ma foi, Standing Alone, sur laquelle la voix du chanteur s'éraille comme il se doit pour faire craquer les coeurs. Les claviers sont plus en retrait. Brillent par contre de magnifiques envolées de guitare sur fond de basse touchante.

Avec Silence, le batteur peut enfin se libérer et livrer une partition au jeu plus étendu. Ici encore, on navigue entre néo-classique et progressif. Clavier et guitares offrent de jolis breaks et solos, et il m'arrive encore de penser à Magellan. C'est plutôt technique et bien fichu.

Crimson Sun nous ramène vers des terres incontestablement propres à ce que la Suède sait faire de mieux en ce qui me concerne (mais non, je ne parle pas des jolies blondes !). C'est virtuose, technique (peut-être trop d'ailleurs), et Andersson se régale encore une fois (mais bon, c'est son groupe tout de même !).

Ceasefire est un superbe morceau, dominé par la voix chaude et impressionnante de Jonas Blum (mais où diable est-il passé ???). Les notes qu'il atteint avec une facilité déconcertante me laissent pantois (oui, j'aime bien de temps en temps employer le mot "pantois", pas vous ?). Les instruments sont là, mais jouent volontairement dans l'ombre, afin de mieux faire briller la voix de leur chanteur.

Si les claviers n'étaient aussi présents, Black Moon Rising pourrait sortir tout droit d'un album de Malmsteen (... j'ai déjà parlé de lui dans cet article ?), même si le refrain me fait toujours penser à quelque chose d'un peu plus américain, ici d'inspiration plus hard-FM.

Même discours pour Blood of the Tail, qui brille par ses lignes de chant. Jonas a dû se régaler à rajouter un peu de groove dans ce morceau. Encore une fois, le gaillard m'impressionne par sa maîtrise, même si son successeur, le grec Apollo Papathanasio, n'aura rien à lui envier.

Et le constat sera le même sur Shadows from Beyond, plus proche cependant d'un Rainbow période Joe Lynn Turner. Chanson sans réelle surprise, mais cela reste vraiment très agréable à entendre, et quel solo de claviers, vite rattrapé par celui de la guitare !

Le titre suivant annonce la couleur à sa simple lecture : Nitro Pitbull sera un titre de pur speed-metal, allant à cent à l'heure et ce sur près de cinq minutes. Tous les instruments lachent leurs notes à une allure démente et tous, le chanteur y compris, doivent en sortir essouflés. Belle performance, et qui reste suédoise, n'ayant rien à voir avec le speed metal propre à ce que savent faire en la matière les artistes teutons. Il y a donc de la mélodie au travers de cette orage.

Seekers Battlefield clôt l'album en beauté (oui, je n'ai que la version promo et n'ai pu me procurer la version contenant le bonus qui portait pourtant le titre de l'album ! Ô rage, Ô désespoir !) et se révèle être un excellent morceau de Malmsteen... euh, de Majestic ! Pardon, mais sur ce titre les claviers sont plus en retrait, présents sous forme de nappes alors que la guitare se taille la part du lion, Peter Espinoza se permettant l'exploit de faire sortir de sa six-cordes environ 6000 notes à la minute lors d'un solo final d'anthologie (bon, j'exagère un peu, mais au moins vous savez de quoi je parle).

Même s'il ne restera pas dans les annales du metal, Abstract Symphony restera comme un excellent album de metal néo-classique que tout fan du genre se doit de posséder. Personnellement, je lui préfère l'unique aventure que connut ce groupe, Trinity Overture, sortie en 2000, l'influence de Symphony X s'y faisant plus présente (en effet, j'ai toujours préféré ce groupe au suédois mégalo que je ne peux décemment plus nommer, car tous les membres y occupent un rôle essentiel, équilibré, l'un ne tirant jamais la couverture à lui), de même que celle de Rainbow.

Pour des questions de problèmes rencontrés entre Andersson et son label, Massacre Records (drôle de nom pour un label produisant du néo-classique...), le groupe "splitta" à la suite de ce deuxième opus pour renaître sous le nom de Time Requiem, avec quatre (sur cinq) des anciens membres de Majestic. Le groupe allait sortir trois somptueux albums, de plus en plus orientés vers un métal mélodique influencé par le mouvement progressif.

 

Mais comme dirait le chroniqueur de Conan (celui du film de Milius !), "ceci est une autre histoire" !

 

En attendant, bonne écoute ! Je vous laisse avec Losers Shades of Hell, morceau que je trouve le plus étonnant du lot, tout en vous promettant que le reste est plus... malmsteenien !

 

Stéphane DELURE

 

 

 

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C
<br /> Vraimrent très bon , très agréable à écouter<br />
Répondre
C
<br /> Très bon, vraiment très agréable à écouter.<br />
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