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The Black Halo - Kamelot (2005)

Publié le par Mordhogor

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Kamelot est en 2005 un groupe floridien de power metal mélodique jouissant d'une reconnaissance internationale qu'il goûte depuis déjà 6 années et la sortie du flamboyant The Fourth Legacy.

Le talent de leur chanteur, le norvégien Roy Khan, et celui du guitariste/fondateur du groupe, Thomas Youngblood, sont les principales raisons de ce succès mérité. 

Il ne faut pas oublier non plus l'influence toute européenne du groupe, qui a puisé son nom et l'ambiance de ses premiers albums dans l'imaginaire du Moyen-Age et de ses élans chevaleresques.

Avec l'arrivé du succès, et l'incroyable capacité du chanteur à faire vivre de complexes émotions par le biais de sa voix unique, le groupe va s'orienter peu à peu vers le romantisme sombre inspiré par les grand mythes européens. La noirceur a commencé à s'introduire dans le propos du combo par le biais de Karma, qui se terminait par un morceau décomposé en trilogie et consacré à la Comtesse Sanglante, disparue en 1614, Erzsébeth Bathory (cf ma chronique sur le fantastique opus d'Opera Diabolicus, entièrement dédié à la noblissime hongroise qui pensait que le sang était un élixir de beauté).

Puis vint Epica, oeuvre à la complexité foisonnante et consacrée à l'oeuvre de Goethe, celle du mythe de Faust, parabole d'un être troublé par la passion, sa soif de savoir propre à obscurcir l'esprit du plus noble des hommes.

Pour beaucoup, le génie de Kamelot allait connaître son apogée à travers cet album plus difficile à maîtriser que ses prédécesseurs (et successeurs).

Concernant Goethe, Faust inspira le tragédien à deux reprises, la seconde approche étant beaucoup plus complexe que celle de son premier essai. L'Homme s'y montre moins faible, moins soumis à la passion. Il s'y trouve cependant toujours tiraillé entre pensée et action, le tout sur fond de tragédie grecque. 

Il était donc tout à fait logique que Kamelot se penche une seconde fois sur le personnage emblématique de Faust, cet homme épris de savoir qui allait pactiser avec le diable, incarné par son avatar Méphistophélès.

Là où le tragédien complexifiait son oeuvre, développant ses thématiques jusqu'à les rendre hermétiques, Kamelot opte pour la démarche inverse et revient sur un concept album moins alambiqué que le fascinant mais tortueux Epica. Attention, les ambitions du groupe ne sont pas revues à la baisse, elles se veulent tout simplement plus accessibles, alliant le propos philosophique - prenez la peine de vous arrêter un instant sur les textes - à un contenu plus séduisant, menant l'auditeur à deux pas du démon tentateur et de la perte de son âme, qui sera sauvée au dernier acte, lors du lumineux et héroïque morceau Serenade.

Alors à l'apogée de son succès - je parle ici de l'époque Roy Khan, puisque celle de Tommy Karevik s'ouvre sur les meilleurs auspices ! -, le combo californien ne pouvait que réussir son ouvrage. Moins de grandiloquence, plus de mid-tempos propres à emporter le coeur des fans, et quelques surprises aussi sont au menu de cet opus majeur dans la carrière déjà fournie de Kamelot.

Tout commence en fanfare avec l'irrésistible March of Mephisto, qui ouvre le terrain au diable et à ses armées marchant au pas. L'avatar démoniaque est ici incarné par un chanteur que peu s'attendaient à entendre chanter un jour en duo avec Khan, puisque ce guest n'est autre que Shagrath, hurleur du groupe de black metal Dimmu Borgir - un groupe qui en connait un rayon sur l'emphase et la grandiloquence ! Le mélange entre la voix harmonieuse de l'un et le hurlement inquiétant de l'autre - les deux sont norvégiens -, représente une incontestable réussite et un futur morceau incontournable du répertoire de Kamelot sur scène.

When the Lights are Gone reprend sur des bases plus classiques, propres au power metal mélodique maîtrisé par le groupe depuis,longtemps, avec un tempo rapide, tant au niveau du clavier que des guitares, et mené par un refrain fédérateur empli de choeurs mélancoliques.

Dès les premières lignes de chant et la voix ténébreuse de Khan qui devient devient pure émotion en montant dans les aigus, on sait que The Haunting (Somewhere in Time) va se révéler un nouvel incontournable du groupe. La rousse et belle Simone Simons, d'Epica, vient ajouter son talent lyrique à l'oeuvre. Elle incarne ici Marguerite, celle qui finira par sauver l'âme perdue du pauvre Faust en la rachetant au démon.

Soul Society nous transporte avec délices, au travers d'un refrain qui fait encore montre du talent incroyable de Khan, le tout sur fond de claviers grandiloquents. Quelle voix, quelle maîtrise des variations et des harmonies ! Impossible de ne pas être transporté par l'émotion que le chanteur véhicule.

Un court interlude en latin et cela continue avec la merveilleuse ballade acoustique, Abandoned, que j'ai choisi de vous proposer en fond sonore. Ce morceau n'est pas représentatif de l'album, puisque l'on n'y entend que Roy accompagné d'un piano, de choeurs et d'un orchestre qui souligne plus qu'il n'appuie, mais il montre mieux que des mots toute l'étendue du talent du norvégien, et bien froid serait celui ou celle qui ne réagirait pas au long de ces quatre minutes de pure émotion. 

L'orage gronde en introduction de This Pain, et il faisait bien de nous prévenir car les riffs heavy sont de retour, avec une guitare agressive au possible - presque progressive à la façon de Dream Theater lors de courts soubresauts -, et qui monte en puissance tout au long du morceau, révélant tout le potentiel de Youngblood, qui se garde cependant d'en faire trop, ne cédant jamais à la tentation de faire du groupe le fruit de sa simple extension. Il se lâche cependant sur l'ouverture de Moonlight, nous livrant un riff heavy à souhait. Les mélodies vocales sont encore une fois incroyablement inspirées, soulignées par la lourdeur du son menaçant des guitares. Superbe !

Court interlude, avec une ambiance de cabaret toute latine, joliment interprété par Cinzia Rizzo, qui se termine par le mot silenciozo. C'est pourtant avec fracas que l'album continue, avec l'un des meilleurs morceaux de l'album, le titre éponyme éclatant par son refrain terriblement accrocheur, ses choeurs aériens qui nous transportent et la guitare qui se révèle encore plus progressive. On continue sur la même veine avec Nothing Ever Dies, et nous sommes à nouveau éblouis par l'adresse du guitariste. Quel solo ! Youngblood a vraiment un sacré talent !

Arrive enfin la pièce maîtresse de l'album, Memento Mori. Tout est beau dans ce long morceau de presque 9 minutes. L'intro et l'outro sont majestueuses, entièrement portées par la voix de Khan, mélodieuse au possible, et une entêtante mélodie jouée au piano. Les rythmiques et changements de tons vont ensuite s'entremêler entre calme et furie, l'esprit créateur du groupe tutoyant alors les cimes du metal progressif, le tout sur une montée en puissance carrément épique. Le hurlement aggressif de Shagrath/Méphisto va vaincre la douce Hélène de Troie - compagne de Faust dans l'oeuvre de Goethe, et mère de leur enfant qui va connaître le trépas. Interprétée par Mira, la voix de la chanteuse va se dissoudre dans le néant, tout comme dans le récit en forme de parabole, emportée par le souffle du démon ici si bien incarné.

Le troisième interlude est plutôt étrange, avec ses sons enregistrés en accéléré et à l'envers, symbolisant le temps s'écoulant à contre-courant, l'espoir de pouvoir tout recommencer et gommer ses erreurs. Un homme marche dans la neige, son pas est lourd, son souffle court, mais il est toujours vivant, porteur d'espoir.

Et c'est sur une note touchante que se termine l'album, avec le superbe et enlevé Serenade. Faust et ses erreurs sont rachetés, même s'il est rappelé à l'homme qu'il est seul maître de son destin. Les derniers mots de l'album seront résolument positifs : What does the winter bring, if not yet another spring (Qu'apporte l'hiver, si ce n'est encore un autre printemps). Joli message à méditer.

Inutile de préciser que la production est diablement (je l'ai fait exprès !) efficace, car une fois de plus signée Paeth et Miro. Ce dernier est aussi responsable des superbes arrangements et orchestrations de l'album, et conforte l'importance qu'il tient depuis plus de 10 ans dans le monde du power metal mélodique, et ce ne sont pas les fans de Rhapsody qui diront le contraire.

 

A noter sur le digipack les versions plus courtes de The Haunting (Somewhere in Time) et March of Mephisto, sans grand intérêt, hormis pour l'éventuel auditeur pressé par le temps. Il s'agit des versions radio, mais ne les cherchez pas sur les ondes françaises...

 

Voilà ! Vous venez d'entendre parler de l'album qui est pour beaucoup de fans la plus belle réussite du groupe. La discographie des floridiens (et du norvégien !) étant fournie en pépites, je laisse bien entendu à chacun le lourd travail de faire son choix ! N'hésitez pas justement à livrer vos préférences en commentaire !

 

En attendant, bonne écoute !

 

Stéphane DELURE

 

 

 

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F
<br /> Moonlight fût "LA" révélation concernant ce groupe, je suis tombée dessus sur youtube tout à fait par hasard en faisant des recherches associées. Coup de foudre immédiat, recherche de tout ce que<br /> je pouvais trouver sur eux, achat de tous les CDs (ceux avec Roy Khan du moins), et même deux concerts ! Fa-bu-leux ! épicétou !<br />
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