Nemedian Chronicles parle de grands espaces, de terres légendaires. Ne citons alors point de villes pour relater leur origine, disons que ces jeunes et vaillants guerriers nous viennent d'Occitanie, et qu'ils vont vous parler de Cimmérie, d'Hyrkanie, d'Hyperborée, vastes territoires couverts de steppes et de forêts où se sont distingués des guerriers de légende, tels Conan et Sonia la Rousse.

Je vous avais déjà parlé de leur premier titre, The Thing In The Crypt, qui narrait ce moment crucial où Conan s'emparait de son arme d'acier. Le groupe y est présenté et ce qu'il fallait retenir était que Nemedian Chronicles ne serait pas à prendre à la légère. Talent de composition, d'interprétation, avec un style qui rappelle le meilleur du Blind Guardian des débuts, la voix remarquable et proche de celle d'Hansi Kürsch d'Alexandre Duffau n'y étant pas pour rien. Ce titre n'était qu'une première étape, celle de l'EP, aujourd'hui terminé, lien indispensable vers le premier album, annoncé pour l'an prochain.

Il est temps d'entrer dans le vif du sujet et de vous parler de cet EP de 4 titres.

Le sujet reste bien sûr le monde de Conan, abordé dans son univers étendu, à savoir les nouvelles de son créateur, Robert Howard, mais aussi celui des comics et des films. Et comme je l'ai déjà dit, souhaitons à ce jeune groupe que cette muse guerrière leur apporte autant de succès que Tolkien pour Blind Guardian !

Pour être réussi, pour capter l'attention, un EP doit présenter les meilleurs facettes du groupe, révéler son potentiel, sa variété, et l'on peut dire qu'avec ces 4 titres la mission est réussie haut la main portant le glaive.

Tout commence par un titre joué en acoustique, pensé depuis longtemps par son créateur, Guillaume Lefebvre, et retravaillé par un apport choral, notamment au niveau des arrangements (le chanteur et son amour pour Blind Guardian), titre crucial dans l'épopée de Conan, puisqu'il s'agit de sa naissance, pour le moins belle et violente, promettant le nourrisson à un futur glorieux placé sous le signe des dieux et des armes. Born On A Battlefield rappelle le meilleur des chansons jouées en acoustique par Blind Guardian, Bard Song en tête, le côté folk en moins. Pour les amateurs de musiques de films, on peut y voir également l'influence d'Ennio Morricone, avec ces chansons et thèmes funèbres qui entamaient tant de westerns italiens entrés depuis dans la légende : quelques notes, un phrasé sombre, et se dessine un destin qui aura tout d'une lutte, parsemée de tragédies. Le morceau est parfait pour lancer les chroniques du plus célèbre des cimmériens, moment de poésie au sein d'une plaine ravagée par d'indicibles carnages. De l'émotion, du désespoir, mais une lueur au bout du tunnel, voilà ce que l'on ressent tout au long de ce superbe titre.

Inutile de m'étaler sur The Thing In The Crypt, moment épique et imparable (quelle rythmique, quelle voix !) sur lequel je me suis déjà exprimé (lien plus haut), si ce n'est pour rappeler qu'il est très efficace. Intéressons nous désormais aux deux derniers titres, et commençons par le mid-tempo Monsterslayer, dont les premières notes pourraient rappeler le Judas Priest des années 80 (intro léchée, menaçante avec l'arrivée de la basse). Nous plongeons dans un monde peuplé de monstres et de sectes sanguinaires, et la basse y remplit un rôle crucial, de même que les claviers lorsqu'ils viennent rappeler ces moments qui entouraient le culte de Thulsa Doom dans le film de John Milius. La voix du chanteur amène notre héros au seuil de la légende, seul capable de réduire à néant les horreurs peuplant son monde, pour la gloire et par le fait de sa destinée, sous l’œil de ce Crom muet qu'il méprise ; car ce qu'il veut, Conan le prend.

Le meilleur reste à chroniquer (verbe qui convient parfaitement à cet univers), le morceau The Song Of Red Sonja restant à mes yeux le plus beau morceau composé à ce jour par ces jeunes pousses. Une fois écouté, autant vous prévenir, vous allez avoir du mal à vous le retirer de la tête ! Petites notes de guitare acoustique pour lancer le morceau, puis place à un fracas de chœurs et une cavalcade effrénée de la rythmique qui va vous lancer sur les traces de la guerrière hyrkanienne à la vitesse d'une cheval au galop. Nous parlons bien sûr ici de la rousse flamboyante des comics, non de celle des romans, qui se distingua sous les murs de Vienne durant le siège ottoman. Par Crom, que ce morceau est fabuleux, accordant juste quelques pauses bienvenues au sein de ce long titre sans le moindre temps mort (8mn 33). Tout rappelle ici le Blind Guardian des années 80, et ce n'est que pour le meilleur tant ce titre n'a pas à rougir face à ses aînés et dépasse même souvent de la tête et des épaules nombre de titres de l'époque, et parmi les meilleurs ! Ecoutez donc si vous ne me croyez pas ! Rythmique féroce, entraînante, voix au cordeau, riffs bien sentis et un refrain... magique.

Je n'attends désormais qu'une chose, le premier album, avec une production respectant les codes des années 80 qui lui sont chères tout en bénéficiant des technologies modernes. Et surtout, 6 autres chansons de cet acabit !

Note : 09/10 (le 10 pour l'album ?)

Nemedian Chronicles - Nemedian Chronicles (EP), 15 mai 2020