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Parallel Minds - Every Hour Wounds... The Last One Kills (05 avril 2019)

Publié le par Stéphane DELURE

 

Quatre ans se sont écoulés depuis le premier effort des français de Parallel Minds, l'ambitieux Headlong Disaster, et seulement quelques semaines depuis ma chronique le couvrant, que vous pouvez consulter ici. Découvrant le groupe, j'avais reculé l'écoute de Every Hour Wounds... The Last One Kills, afin de découvrir l'évolution du groupe et d'être totalement neutre dans mon approche du premier opus. 
Ayant beaucoup apprécié Headlong Disaster, c'est donc avec une certaine envie - et un brin d'angoisse, car le deuxième effort est souvent un cap délicat à franchir -, que j'ai laissé la musique envahir mes oreilles.
Et très vite, deux constats s'imposent : la production, pourtant déjà excellente sur le premier album, a fait un bond en avant et l'intro instrumentale, Every Hour Wounds, sert d'excellente carte de visite aux nouveaux invités : Eric Manella, batteur et élève de Freddy Costanza, montre avec panache qu'il va se montrer digne de son mentor, et la basse d'Antoine Moutet donne clairement de la voix, sombre et précise, sans oublier la guitare solo, qui avait tant brillé sur le premier album. Niveau rythmique, nous voilà d'emblée rassurés, car au delà même de la charge frontale se dessine une belle mélodie. Et voici en bref ce que vont être les neuf titres de ce nouvel opus (sans oublier les deux titres bonus qui seront inclus dans ma chronique et présents sur l'édition digipack uniquement), à savoir un torrent bien dosé de titres furieux et d'autres plus nuancés, montrant le travail véritablement symbiotique des deux cousins, Stéphane Fradet et Grégory Giraudo, nous proposant un mélange parfaitement équilibré de heavy aux relents thashs, de groove et de touches progressives.
Pesons la violence tout d'abord, avec ces titres qui devraient faire un tabac sur scène. La suite de l'intro, The Last One Kills, commence comme du Megadeth époque Rust in Peace (impossible de ne pas penser à Holy Wars), mais très vite le chant monte aussitôt en un cri suraigu rappelant le Rob Halford de Judas Priest (ou pourquoi pas un certain Stu Block, d'Iced Earth, l'une des référence assumées du combo). Le groupe offre un morceau thrash agressif, efficace, qui jamais ne donne dans la parodie, et développe même une sacrée personnalité au travers du chant très agressif de Stéphane. Nous sommes ici aux antipodes de Psytronix, groupe aujourd'hui défunt, et qui proposait un véritable copier/coller de la bande à Mustaine (du moins sur son premier album), de façon certes efficace, mais qui jamais n'ajoutait sa petite touche personnelle. 
Puis on monte d'un cran en virulence avec les terribles I Am C et Kolyma, aussi percutants en rythmique qu'en performance vocale. Le C du premier titre n'est autre que Charlie, et le groupe crie sa rage devant tant de violence aveugle et fanatique, répondant aux attentats (le titre fut composé par Greg dans la foulée des tristes événements) par un propos musical un moment nuancé, explosant soudain par des riffs tranchants, avec un magnifique solo et une voix qui fait froid dans le dos. Impressionnant, mais ce n'est encore rien face à Kolyma, morceau dont la violence n'a d'égale que le sujet dont elle traite, le terrible goulag stalinien dans lequel périrent tant de prisonniers politiques (99,9 % de mortalité pour qui y passait deux ans, près de 500 000 morts présumés). Grégory nous livre encore ici un fabuleux solo mais c'est la rythmique qui se déchaîne ici entièrement, sans la moindre retenue.
Le groupe a affiné son travail, on le sent, notamment dans ses chœurs (Amerinds), et la voix de Stéphane a encore progressé, désormais totalement convaincante en anglais, et surtout propre à souvent se moduler, allant de douce à éraillée. Les mélodies sont toujours aussi efficaces, emballant chaque morceau d'une ambiance qui lui est propre. On Your Own est à ce titre un mid tempo parfaitement réussi, qui maîtrise impeccablement la montée en puissance de la voix, contrebalancée par des chœurs bien pensés (ce qui était peut-être le tout petit point faible de Headlong Disaster), mêlant fougue et finesse.
Et puis il y a ces titres plus ambitieux, morceaux teintés de progressif qui m'avaient particulièrement séduit sur le premier opus, culminant avec Migdal Bavel et surtout Hyperion. C'est ainsi que le groupe nous livre deux morceaux impressionnants et réalise au passage un rêve, notamment Stéphane Fradet, que je sais fan absolu des deux invités de l'album : Kobi Farhi et Yossi Sassi, respectivement chanteur et ex-guitariste d'Orphaned Land, groupe auquel je décernerais sans hésiter le prix Nobel de la Paix ! Ces deux interviennent sur Syria, titre tutoyant les huit minutes et abordant le thème de la situation désastreuse de ce pays, vue de l’œil d'un syrien, victime comme tant d'autres de ses frères et de la colère qui ravage ce pays et en fait un endroit maudit. Les deux voix se mêlent agréablement, possible rencontre enfin constructive de deux mondes ne se comprenant pas (ce qui n'est certes pas le cas des musiciens !). J'attendais peut-être un duel de guitares plus éclatant, mais le but n'était certainement pas là, la recherche du mélange des cultures étant plus le but recherché.

Le deuxième titre à tendance progressive est l'étonnant The 52Hz Whale, titre étrange parlant de solitude. Car oui, vous ne le savez probablement pas, mais le morceau désigne la plus mystérieuse des baleines, qui émet un chant sur une fréquence différente de ses congénères (52Hz contre 16 Hz habituellement), et ne peut de ce fait être entendue d'eux ! Et cela fait plus de 20 ans qu'elle chante sans trouver le moindre écho, hormis celui d'hommes partis à sa recherche. Dans le refrain, on pense parfois à une chanson traditionnelle, que se chantaient les marins dans quelque bar perdu, et la guitare de Grégory émet des sons semblables à ceux du chant de la baleine en question, avant de nous offrir le plus long et plus beau solo de l'album. Un très beau titre, qui s'écoute en... totale immersion !

Pour les bonus dont je vous parlais, ils ne sont pas téléchargeables, et seulement disponibles sur le digipack. L'un d'eux est la version edit de Syria, mais le second, Tonight He Grins Again, est la cover d'un groupe fétiche de Parallel Minds, Savatage (album Streets, A Rock Opera, 1991), et montre encore une fois un exercice réussi de reprise qui reste respectueux face à l'original tout en l'adaptant à son style. Signé chez Black Pack records, le groupe français nous livre un second album plus direct que le précédent, sans jamais renier ce qui a fait sa personnalité, ces fameux esprits parallèles qui finalement se rejoignent pour livrer une musique à la fois cohérente et diversifiée, sortant du lot. J'ai personnellement une petite préférence pour le premier opus (sans doute du fait du long titre à tiroirs Hyperion, exercice délicat dont je suis friand), mais Every Hour Wounds est hautement recommandable, incontestable réussite possédant plus d'un atout pour vous séduire, moderne sans jamais renier ses racines !

A noter un artwork signé Stéphane Fradet, plus sobre que le précédent, et pensé comme une macabre version de la création de Michel Ange. L'homme cherche, attend le secret de la vie, et ne récolte que promesse de mort... peut-être finalement parce que l'homme n'est guère capable d'autre chose... Superbe exercice, avec ce rouge sang qui s'abat comme une malédiction sur l'homme émergeant d'une montagne de squelettes.

Note : 08/10

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