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Guillaume Beck - Le Voyageur Onirique (23 mai 2018)

Publié le par Stéphane DELURE

 

Premier ouvrage de Guillaume Beck, un court roman auprès duquel je ne pouvais décemment pas passer, s'agissant d'un pastiche lovecraftien. Mais attention, l'auteur a conservé son propre style, engagé ses propres idées, tout en respectant quelques codes disséminés avec intelligence. Le héros d'un temps indéfini (impossible de dire à quelle époque nous sommes) est un étudiant sans nom, élève de la célèbre Miskatonic University d'Arkham, où il a l'idée saugrenue d'être bon ami avec un certain Herbert West, non moins célèbre étudiant en recherches macabres. Ce dernier vit forcément dans un manoir lugubre dominant la ville, demeure pourvue de caves sans fin ni fond où un immense shoggoth est à moitié prisonnier d'une autre dimension. Un livre maudit est posé sur une table, jouant à cache-cache avec le héros et ne révélant jamais son nom (allez, petit clin d'œil vers la fin). Il y a cette petite amie (une nouveauté dans l'univers lovecraftien) absorbée dans le travail d'une horrible peinture. Et puis il y a Innsmouth, où l'on revit certain cauchemar, délicieusement poussé à l'extrême, plus proche ici d'un Masterton que d'un Lovecraft (et c'est assez réussi, tant il est impossible de surpasser l'horreur poisseuse et "indicible" de l'original). En avançant dans la lecture, on perd peu à peu ses marques, ses repères, et c'est cela qui dérange - mais n'est-on pas là pour cela ? - tant le livre adopte les codes du cauchemar, ne respectant aucune logique ou repère temporel. Le fan lovecrafien reconnaîtra la Grande Race de Yith (Dans l'Abime du Temps), en lutte perpétuelle avec les "Polypes". C'est la guerre du savoir ordonné contre la règle naturelle du chaos, théorie sur laquelle l'auteur base son propre récit, en faisant une thèse personnelle et nous laissant à notre propre appréciation. Inutile d'en dire plus sans risquer de tout révéler. On accroche ou pas, et comme il n'y a que 219 pages, on ne risque pas grand chose. J'ai aimé l'approche originale du canon lovecraftien, un peu moins les dialogues un brin ampoulés, notamment ceux entre le héros et sa petite amie Abigail, car enfin franchement qui parle comme cela ?... à moins de soliloquer, et peut-être que la solution n'est autre qu'ici, tout cela n'étant finalement que le délire d'un pensionnaire de l'asile d'Arkham où un passage nous a été réservé... A noter l'édition Deluxe, reliée en toile avec marquage à chaud couleur argent, très agréable à tenir et franchement belle, limitée à 150 exemplaires. L'éditeur, Ogmios, a su faire du très bon boulot, car un livre c'est aussi cela, un bel objet... même s'il est maudit !

 

Ogmios version Deluxe

Ogmios Version Standard

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