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Karma - Kamelot (2001)

Publié le par Mordhogor

 

KarmaKarma est un terme sanskrit qui désigne dans certaines religions orientales le cycle des causes et des conséquences liées à l'existence des êtres sensibles. Il est la somme de ce qu'un individu a fait, est en train de faire ou fera, dixit wikipedia, en bref, la conséquence directe des actes que nous accomplissons.

Oui ! Et c'est aussi le cinquième album de Kamelot, qui eut la lourde tâche de succéder au brillantissime The Fourth Legacy !

Le titre choisi n'est cependant pas anodin, puisqu'il se veut dans la logique même de la musique développée sur l'album précédent, respectant en cela la définition du karma, qui peut aussi être vu comme un état d'esprit, une philosophie, un équilibre trouvé. On retrouve tout naturellement ici les éléments qui ont fait le succès Ô combien mérité de The Fourth Legacy, l'effet de surprise en moins bien entendu.

Tout commence donc par une intro séduisante, digne d'ouvrir une grande production hollywoodienne sur laquelle soufflerait le vent de l'aventure. On enchaîne logiquement avec un titre accrocheur au possible, Forever, emportant tout sur son passage, avec son refrain fédérateur propre à faire des merveilles en live. La guitare acérée de Youngblood est bien présente, toute en riffs et solos agressifs, brillamment secondée par la batterie de Casey Grillo et la basse de Glenn Barry, sans oublier bien sûr la voix mélodieuse et inimitable de Roy Khan. 

La production impeccable est toujours signée Paeth et Miro, ce dernier s'étant ici particulièrement investi puisqu'il est responsable sur l'album des claviers, aériens et racés, ainsi que des magnifiques arrangements symphoniques rehaussant la dynamique de l'ensemble.

L'ambiance orientale est encore présente, marquant de ses rythmes charmeurs les compositions de choix que représentent Karma et la sensible Temples of Gold.

La magnifique pochette est toujours due au talentueux Derek Gores. A noter d'ailleurs que je qualifie de "superbe", comme nombre de fans du groupe, l'image d'une femme certes sublime mais dont le corps est à moitié plongé dans un bain de sang frais. Elle illustre le thème de la Comtesse Sanglante, Erzsébeth Bathory, dont il sera question sur les trois derniers titres de l'album, formant une trilogie qui annonçait - le karma tel que je l'ai défini est donc bel et bien justifié ! - l'attirance progressive du groupe vers le côté gothique et sombre qui allait largement être développé dans les oeuvres futures.

Wings of Despair et The Spell s'inscrivent dans la droite lignée de ce qu'a réalisé le groupe en 1999, avec des solos rapides et fluides, dominés par la voix de Khan, très à l'aise dans un registre pourtant difficile à maîtriser et brillant sur des breaks bienvenus. Son organe est l'instrument autour duquel le reste de la musique s'organise, de façon fort habile.

Puis arrive la ballade acoustique - genre qui va devenir une spécialité du groupe -, avec Don't You Cry; écrite par Youngblood en hommage à son père disparu lorsqu'il était jeune. Le morceau est sobre, la voix de Khan n'étant soulignée que par une guitare sèche et la caresse d'un violon, et culminera sur un break émouvant avant de s'éteindre en beauté.

L'orient revient en force avec Karma, morceau brillant par le travail formidable réalisé par Miro. Je vous propose en fond musical (cf bas de la fiche) sa version live sortie en 2006 sur l'album live One Cold Winter's Night. Le clavier y côtoye avec bonheur les guitares, plus en retrait ici, alternant avec de nombreux changements de rythmes. Le jeu du batteur y est sobre mais fort efficace, et il est important de souligner ici l'importance dans la musique de Kamelot de Casey Grillo, batteur officiel du groupe depuis 1997, dont le nom est trop souvent tenu dans l'ombre de Khan et Youngblood. La basse joue aussi un rôle intéressant dans le morceau, mise en valeur par une production sans faille.

The Light I Shine on You offre un interlude agréable mais mineur avant la très belle ballade Temples of Gold, toute en sensibilité, sur laquelle Roy Khan brille encore, notamment au travers d'un refrain tout simplement majestueux qui rend le coeur tout léger. Le morceau est relevé par un break aux rythmes orientaux où violons et flûtes nous entraînent dans une courte danse. Il se clôt par une intervention de Youngblood toute en justesse et retenue.

Les choses s'accélèrent avec Across the Highlands, sa rythmique musclée et son entraînant refrain. Le solo de guitare y est encore magnifique.

Puis arrive la pièce maîtresse de l'album, la trilogie dédiée à la Sanglante Comtesse, qui je l'avoue me divise fortement (oui, je peux être divisé quand je veux !). Nous avons ici trois morceaux bien séparés, avec une première partie, Mirror Mirror, toute en douceur, ballade sobre sur laquelle la voix de Khan incarne à merveille le trouble qui envahit la hongroise devant l'angoisse du temps qui passe, puis tout s'accélère sur Requiem for the Innocent, sombre hommage au triste sort que réserva la tueuse à ses victimes, écrit en lettres rouge sang dans le livret, avant que tout ne se termine sur Fall from Grace, qui démarre sur un rythme radicalement speed metal et représente la partie la plus rapide de l'album. Liv Nina Mosven y incarne les chants lyriques, accompagnée par des choeurs superbes dans lesquels on retrouve entre autres Olaf Hayer, qui a joué entre autres sur les albums solo de Luca Turilli. Tout cela est bien beau, c'est indéniable, mais l'ensemble souffre justement selon moi de trop nombreuses cassures de rythmes pour former un véritable tout cohérent, alors que je pense - mais ce n'est qu'un avis personnel - qu'il aurait été préférable d'aborder cet hommage par le biais d'un long morceau orienté vers le progressif, ponctué de ponts et de breaks venant souligner la complexité de la sombre personnalité et des moments qui ont marqué son règne. Je pense que l'on est passé là à côté d'une belle opportunité de réaliser un chef d'oeuvre, alors que nous avons simplement trois morceaux de belle facture.

Vous l'aurez compris, l'album reste fort recommandable. Il est même excellent. Son seul tort est de s'inscrire dans la discographie du groupe entre The Fourth Legacy, qui a forgé le style du groupe, et Epica, qui l'entraîna vers des sommets encore plus ambitieux. Il est de ces albums que l'on écoute un peu moins que ses célèbres ainés, mais que l'on prend un grand plaisir à redécouvrir de temps en temps.

Pour la petite anecdote, si vous constatez que votre disque continue à tourner sur la platine à la fin du morceau final, sans qu'aucun son n'en sorte, c'est tour à fait normal. N'attendez pas un éventuel titre fantôme, il n'y en a pas. C'est simplement que pour fêter le cinquième album du groupe, ce dernier a tenu à terminer le disque au bout de 55 minutes et 55 secondes !

Les petits veinards - dont je ne suis pas, mais je n'ai pas dit mon dernier mot ! - peuvent se procurer la version américaine, curieusement dotée de la version de Don't You Cry chantée en... français, ce qui donne donc Ne Pleure Pas (oui, je sais, je suis fort en langues !). Et pour les encore plus veinards, la version japonaise comprend un inédit, Once and Future King. Un très bon morceau que j'ai pu écouter sur le net.

 

Bonne écoute !

 

Stéphane DELURE

 

 

 

 

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