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Top 2021 # 3 - Soen - Imperial (29 janvier 2021)

Publié le par Stéphane DELURE

 

Le prog metal fait partie de mes styles préférés, avec son invention, sa versatilité, sa façon à mixer divers genres et bousculer bien des codes. Avec l'année 2021, j'attendais beaucoup des sorties de Leprous et Vola, préférant et de loin les formations modernes qui pour moi doivent beaucoup sans le dire à The Mars Volta, groupe pour moi référentiel (bon, faut dire qu'ils allaient plus loin dans la folie les lascars).
Malheureusement, le premier n'a su me séduire, après avoir pourtant sorti un extraordinaire Malina, comme si la dépression profonde dans laquelle était plongé le leader lors de sa création avait été nécessaire pour accoucher de ce chef-d'œuvre et qu'avec un meilleur état de santé mentale la magie s'était évaporée. Pour Vola, Applause Of A Distant Crowd m'avait en son temps totalement transporté, mais Witness et sa sobre pochette (abandonnés les pastels du précédent, la magie des couleurs des EP) ne m'ont pas fait vibrer plus ça.
Je me suis alors tourné vers les suédois de Soen, dont Lotus, le dernier opus (2019) m'avait laissé de bons souvenirs. Et grand bien m'en a pris puisque depuis sa sortie il y a maintenant presque un an le disque ne cesse de tourner sur ma platine. Le mot qui résumerait le mieux cet album n'est autre que son titre, le modeste "Imperial". 
Alors attention, il ne s'agit pas ici de la sortie prog la plus folle de tous les temps. On reste sur un format de 8 titres assez cohérents, mêlant quelques rythmiques djent (Messhuggah est une influence avouée du groupe) à des moments plus planants à la Pink Floyd (Lumerian est à ce titre marquant, le mélange provoquant une alchimie déconcertante et séduisante), le tout marqué par une profonde mélodicité (ah, le chant si évocateur de Joel Ekelöf, ici en totale possession de ses moyens). Il y a de la mélancolie dans Imperial (les violons de Modesty), mais aussi un esprit pop revendiqué (Radiohead est aussi une influence du groupe), susceptible de plaire au plus grand nombre, même si la lourdeur des guitares de certains passages (Dissident) pourra rebuter les réfractaires au metal pur et dur.
Le chant de Joel Ekelöf n'a jamais été aussi inspiré, comme sur la montée progressive et poignante de Lemurian, qui ouvre l'album de façon vraiment très forte. Il offre une étonnante magie à cet album, provoquant toute une salve d'émotions qui seront propres à chacun, captant tellement l'attention que l'on en vient parfois à mettre de côté le travail absolument maîtrisé des musiciens, comme sur l'ultime morceau Fortune ou le sublime Illusion. Mais comme l'album donne envie de revenir encore et encore, vous remarquerez vite la grande maîtrise du batteur Martin Lopez (ex Amon Amarth, ex Opeth), créateur du groupe avec le chanteur, et dont le style lorgne souvent vers Tool - une autre référence évidente du groupe - et King Crimson. Les guitares sont bluffantes de maîtrise (Cody Ford, très en verve), qui brillent de justesse après nous avoir imposé quelques riffs djent nous rapprochant d'un autre modèle du genre, anglais celui-ci, j'ai nommé Haken.
Les interventions des violons et du clavier (Lars Ählund) ne sont jamais inutiles et renforcent la mélancolie qui berce le tout, faisant de cet Imperial l'album de prog moderne millésime 2021 à posséder absolument, celui d'une maturité laissant promettre de plus belles sorties encore, celui dont la pochette est en parfait accord avec son contenu : belle, sobre, donnant envie d'y toucher... d'un geste imprudent pouvant laisser des traces.


Note : 10/10
 

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