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Children Of The Reptile - Heavy Is The Head (07 avril 2023)

Publié le par Stéphane DELURE

 

Direction Wilmington, Caroline du Nord, le long de la rivière Cape Fear (le film de Jack Lee Thompson, avec son psychopathe interprété par un Robert Mitchum déguisé en prêtre et arborant son fameux tatouage love / hate, une lettre sur chaque phalange de ses deux mains, sans oublier le remarquable remake de Scorsese, avec le musculeux et oscarisé De Niro), où sévit un bien intriguant quatuor, aussi énergique que ventripotent. Formé en 2008 le temps d'un unique show par ses leaders, Ozzie Darden et Chris Millard (voix et guitares, les deux font une sacrée paire), le groupe s'officialise l'année suivante en intégrant les potes d'autres groupes, David Hufmans à la basse et Chase Kelly à la batterie, le "maigrichon" de la bande.

Du groupe j'avais écouté d'une oreille un peu distraite (le luxe et la malédiction des archéologues de l'underground) le second opus sorti en 2018, The End, un mélange de NWOBHM, de hard-rock occulte, le tout mâtiné de quelques effets thrash à la Metallica (le bon, celui des années 80 !). La pochette était rigolote, montrant que les gaillards avaient du second degré (et étaient aussi un peu fauchés sans doute), mais je ne bouillonnais pas d'impatience de connaître la suite de leurs aventures, soyons francs.

Et lors de fouilles récentes, je suis tombé sur leur troisième album, avec une pochette bricolée par le leader (pas plus moche que celle du dernier... Metallica !), laissant à penser que les quatre ricains pesant six ou sept français s'étaient orientés vers le power epic metal (surtout avec des titres comme Warriors of Light, Fear The Old Blood,...). Que nenni ! Le style navigue toujours entre NWOBHM - avec cet accent volontairement old-school et ses guitares qui se répondent -, punk rock et thrash metal, mais la recette est cette fois-ci parfaitement concoctée et affirmée, la marque des lascars imprégnant chaque titre d'une légèreté de ton qui n'a d'égale que la lourdeur des riffs. Children of the Reptile fait la musique qu'il a envie de jouer, de la façon dont il a envie de la jouer, et c'est en cela que cet album est une parfaite réussite, pour peu que l'on ne soit pas réfractaires au style old-school et à quelques écoutes nécessaires pour ne pas passer à côté de ce disque et de son fort potentiel.

Tout est dit (ou presque) avec le premier titre, Warriors of Light, qui passe rapidement aux choses sérieuses (ou pas !) après une intro calme et saugrenue aux claviers, façon John Carpenter : le heavy est là, il sera bien eigthies, mais pas AOR ni FM, et les potes seront là pour s'éclater et nous entraîner dans leur incroyable joie de vivre : cavalcade gentillette avec un riff qui menace, refrain entraînant, puis lancée des guitares soudaine avec la basse qui vrombit au centre du master (parfaitement maîtrisé au passage) et la batterie qui martèle ses fûts, le morceau culminant en un final en deux temps, burlesque, du genre qui s'improvise en live, au sein d'une petite salle, histoire de faire réagir le public, et puis ça repart comme en quarante ! Et la clé est ici : cette façon de jouer live, à proximité de l'auditeur, avec un plaisir de s'exprimer réellement perceptible. On sent que les gaillards prennent leur pied sur scène et je suis persuadé que c'est dans cette configuration que leur musique est le mieux à même de donner son meilleur. Bon, la Caroline du Nord, ça fait quand même un peu loin, mais j'envie ce public qui peut déguster une bière avec ce genre de loustics en fond sonore. Et ça pousse un cri de goret qu'on égorge quand se lance le second titre, Burner, ça se prend pas la tête et ça joue avec un entrain du feu de dieu, dans un esprit souvent proche du punk. Et dieu que ces guitares font plaisir à entendre quand elles se croisent et se parlent (Burner encore !) : on sent un groupe en pleine osmose, dont le jeu de chacun est connu et compris comme un langage commun, ce qui promet de belles impros sur scène et rend joyeuse une musique finalement assez agressive.

Côté surprises, on peut compter sur le riff accéléré sous forme de clin d'œil à Whiskey in the Jar (Thin Lizzy), sur Silent Circle, mais aussi et surtout sur ce morceau thrash rappelant le Metallica du début, avec ce son de guitare si particulier. Seven Days of Fire nous plonge avec délices dans un univers à la Creeping Death, avec un riffing arrachant tout sur son passage, le groupe gardant toutefois sa personnalité avec son chant plus heavy et ses voix en chœurs. Et quelle basse !!! Adventurers martèle sévère aussi, la batterie s'y montrant plus frontale, mais Fear The Old Blood et son début en mid tempo lancé par des guitares semblant émerger de la brume est totalement envoutant, la voix pleine de réverb d'Ozzie se voyant renforcée avec brio par les autres membres du groupe qui le rejoignent en chœur. C'est ténébreux à souhait, occulte, et le heavy revient en force à mi-chemin quand les guitares n'en peuvent plus d'avoir été bridées et se lancent en un galop réjouissant et très inspiré. Assurément un temps fort de l'album, de plus idéalement placé en plein milieu.

Si vous voulez un son à l'ancienne qui synthétise, sans se prendre la tête, ce que le heavy de la NWOBHM avait de meilleur, à savoir représenter ce pont idéalement placé entre la liberté du punk et l'énergie du thrash, ce troisième album des ricains de Children of the Reptile est fait pour vous ! A conseiller aux adeptes de Night Demon... en plus fou !

 

Note : 08/10

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