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Lycanthro - Mark of the Wolf (4 juin 2021)

Publié le par Stéphane DELURE

 

 

Tabarnak ! Voilà une toune qui m'criss à terre ! Amoureux du power metal rugueux et du heavy qui flirte avec le thrash, triste donc à en mourir d'avoir vu mon Iced Earth démantibulé à cause des envies de son leader de rejouer la Guerre de Sécession avec un spray à ours, je croyais ne plus connaître ces sensations qui te font dresser le poil et te gorgent le corps d'électricité sans avoir besoin d'un tazer.
Lycanthro, comme son nom l'indique, est un groupe qui a les crocs. Originaire d'Ottawa, le gang a d'abord été connu sous le nom de Death Wish, avant de prendre en 2016 le patronyme sous lequel il est désormais connu. Nourri d'un heavy metal à l'ancienne, le groupe, probablement influencé par la lune, a cependant pris à coeur de rajouter l'agressivité du thrash à sa sauce, d'où les similiarités que l'on peut retrouver avec Iced Earth... et quelques autres petites touches.
Sorti sous le label grec Alone Records (allez, je cite en vrac les groupes que je connais et apprécie, ça leur fera de la pub au passage : Arachnid, Graven Rite, Shadowlynx, Judicator, sans compter des rééditions et remasters de groupes plus connus), le groupe a livré un EP en 2018, Four Horsemen of the Apocalypse, 4 titres d'une richesse folle et qui ne pouvaient que mettre la puce à l'oreille (écoutez Pale Rider et ses plus de 13 mn !), EP que l'on peut trouver sous format physique limité avec 4 démos en bonus, titres apparaissant sur l'album qui va nous intéresser, et force est de constater l'évolution des morceaux !
Pour la petite histoire, Lycanthro est peut-être inconnu en nos contrées, mais au Canada, il a souvent volé la vedette à des têtes d'affiches pour lesquelles il ouvrait, et pas des moindres : UDO, Diamond Head, Battle Beast, Anvil, Blaze Bayley, Striker (autre groupe canadien que j'adore et doté d'une solide expérience), bref, ce sont des bêtes de scènes et de fougueux musiciens.
Mark of the Wolf, autant le dire tout de suite, est un coup de grosse papate dans la figure, avec des griffes au bout, et ça peut faire mal, mais dans le sens où nous l'aimons, car lorsque l'on aime les poils, le cuir et les clous, les caresses, ça va un moment.
L'album est carré, solide, bardé de riffs et d'hymnes qui ne peuvent que consolider la réputation du groupe sur scène (l'hymne In Metal We Trust est à ce titre imparable et fera lever bien des poings dans la salle). Attention cependant, quand je dis carré, cela ne veut pas dire uniformité, répétition des titres qui se ressemblent à outrance, que nenni ! C'est juste que la cohésion est totale, la seule petite erreur étant à mon goût de mettre la power ballade en clôture d'album, là où il fallait la mettre au centre, et encore, ça se discute. Pour le reste, c'est festival. Crucible ouvre les hostilités de martiale façon, comme aurait pu le faire un certain Iced Earth : l'intro courte ne trompe pas, suivie de l'attaque violente, avec d'un côté le martèlement de la batterie et de l'autre ce riff menaçant. Le morceau s'envole ensuite sur un nouveau riff tranchant tout à fait caractéristique et la voix de James Delbridge va se montrer à la hauteur, puissante, agressive, appuyant comme il faut sur certains passages ("howling at the moon" !). Etalé sur plus de 7 mn, le morceau va galoper sans s'arrêter, alternant breaks et soli pour ne jamais sombrer dans la monotonie. Fallen Angels Prayer enfonce le clou, avec un morceau plus court mais encore plus riche. Lorsqu'elle grimpe dans les aigus, la voix de James fait incontestablement penser à celle de Matt Barlow, mais ce qui frappe dans ce titre est ce moment de répit, déboulant juste après un solo de folie, break interprété au piano, rappelant Savatage, avant de subitement s'envoler dans l'horreur avec ces choeurs hantés ("Sanc-tu-ary") semblant sortis tout droit de la BO de The Omen, signée du grand Jerry Goldsmith. Changement d'ambiance avec le titre éponyme, qui revient sur des références plus heavy, Iron Maiden par exemple, avec notamment ce jeu de cache-cache entre guitares et batterie. Et quelle voix là encore ! Quand ça monte, ça monte, mais le bougre sait aussi jouer sur d'autres cordes. Et quand on parle de Maiden, il y a bien sûr une cavalcade à la basse qui ne passe pas inaperçue, signée Cario Cote. Elle brillera encore, cette basse, sur le savoureux Into Oblivion, ou sur l'intro de l'épique Ride The Dragon, aux riffs de guitares délectables.
L'hymne In Metal We Trust est forgée de matériaux à l'ancienne, mais ça marche du feu de dieu, les soli s'enchaînant sans forcément se répondre mais de façon fort intéressante. Il y a du punch et l'alchimie du morceau est fortement contagieuse.
L'album a ses morceaux plus complexes, moins directs, comme Enchantress long de 7 mn et qui amène des ambiances plus variées, plus douces, presque prog dans l'approche. Et tout se termine par la power ballade, Evangelion, belle en diable et puissante en émotions. On part au piano avant d'aborder du plus costaud, et là encore, le mélange peut faire penser à Savatage. La voix de James y est superbe, mesurée, mais sait se muscler quand il faut car Evangelion n'est assurément pas de la guimauve. Le morceau brille par la variété de son chant, les ruptures de tons et l'harmonie du tout. Ce n'est peut-être finalement pas un choix malheureux pour terminer l'album, mais simplement une belle façon de tirer le rideau et de dire au revoir.
A noter que la production de l'album est un petit bijou, remarquable pour un premier album, volontairement rétro mais suffisamment sèche pour ajouter ce petit plus qui fait de Mark of the Wolf un album que j'aurais volontiers entré dans mon top 2021 si je l'avais découvert au moment de sa sortie. Un must pour tout amoureux de heavy-thrash, fleurant bon l'ancien qui veut s'imposer dans notre temps.

Note : 09/10

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