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Eliminator - Ancient Light (14 janvier 2022)

Publié le par Stéphane DELURE

 

Lancaster, ville du Royaume-Uni, n'est pas particulièrement connue pour ses mines d'or, et pourtant, j'y ai déniché une belle pépite, nommée Eliminator. Pas très original comme nom me direz-vous, ça sent un peu le B-Movie des eighties, et pourtant, ce combo qui sortit en 2011 son premier EP, We Rule The Night, allait très vite se faire un nom sur la scène underground, un peu à la façon de ces groupes qui se retrouvèrent sur la compil légendaire Metal For Muthas, compil ayant lancé le mouvement de la NWOBHM et enterré le punk, des "petits groupes" qui allaient entrer dans la légende : Iron Maiden, Praying Mantis, Angel Witch, Samson,... Bon, là on parle d'une démo, d'un split CD partagé avec Wytch Hazel, Ascalon et Asomvel ainsi que d'un single. 

Les choses passent au niveau supérieur en 2018 avec l'arrivée d'un nouveau chanteur, Danny Foster, et la sortie du premier album, Last Horizon, véritable bombe qui connut un certain succès auprès des critiques et d'un public amoureux de ce metal joué à l'ancienne, à la façon des grands groupes de la perfide Albion : Iron Maiden, Saxon, Angel Witch, pour ne citer que les plus évidents. Et c'est vrai que cet album était d'un très haut niveau, peut-être juste un peu trop marqué par ses influences.

Puis le Covid est arrivé, et les britons ont rongé leur frein, continuant à bosser avec les contraintes imposées, c'est à dire chacun enregistrant de son côté, ratant l'occasion de travailler tous ensemble. Et malgré cet exercice connu par tant de groupes depuis déjà deux ans avec plus ou moins de bonheur, on peut dire qu'Eliminator a relevé le défi haut la main, à croire qu'en plus du talent ils ont aussi le sens du challenge.

Ancient Light, avec sa sombre pochette, nous plonge dans un univers plus moderne, qui ne renie pas pour autant ses racines. A l'écouter sans relâche, j'ai eu l'impression de retrouver la fougue qu'a su mettre Portrait dans la réalisation de son dernier effort, At One With None, le côté dark en moins. Eliminator, c'est du heavy-metal de haute volée, qui brille de tous les côtés. La production signée Chris Fielding (Conan, Alunah, Atavist) met chacun sur un pied d'égalité, ne masquant aucun détail tout en gardant ce parfum vintage propre à cette musique inspirant le groupe à chaque instant. Les chansons sont suffisamment riches pour promettre une sacrée durée de vie et mériter de figurer dans la discothèque de tout fan du genre. Les breaks sont légion, la rythmique donne de l'élan et de la force au chant, et les riffs et soli dégainent comme à l'ancienne, nous entraînant souvent sur des galops endiablés (Arrival, Goddess of Life, Silent Stone). Le placement des chansons est un véritable parcours sans faute, nous offrant deux morceaux d'ouverture de fort belle facture (Arrival et Silent Stone), mais restent de beaux arbres qui cachent la forêt car le meilleur reste à venir, la voix de Danny Foster, effrayant de maîtrise, nous livrant une surprise après l'autre ! Le chanteur délaisse les mediums qui marquaient le premier album pour se lâcher totalement et grimper peu à peu vers des aigus incroyables. Mais le bonhomme prend son temps, même si le rythme des chansons ne se relâche jamais. On pense au phrasé de Bruce Dickinson sur Silent Stone, poussé par la rondeur de la basse. Mais bizarrement, sur le morceau éponyme, juste avant que le chanteur ne lance le refrain, on pense un bref instant à un certain Fabio Lione, écho qui reviendra nous surprendre sur l'épique Lord of Sleep, Dreamaster. The Sculptor and the Stone Lady se détache du lot par sa rythmique hispanique, surprend encore par cette voix qui grimpe encore plus haut dans les aigus, avant que les riffs de guitare n'enflent et ne s'adaptent pour remodeler la structure. On revient sur du classique avec The Library, tandis que la voix prend des accents mélancoliques sur le refrain, rappelant les derniers travaux d'Angel Witch. Puis arrive Mercy, morceau le plus agressif de l'album, et ce dès l'accroche des guitares, avant que la rythmique n'enchaîne et catapulte la voix qui va monter, monter, monter, pour atteindre des sommets réellement surprenants. Ce titre est tout bonnement éblouissant et donne envie d'y replonger pour voir si tout cela est bel et bien réel.

On pense un peu à The X Factor avec le plus en retenue Foreverless, démarrant en acoustique avant de revenir vers les classiques rythmiques de la NWOBHM et une batterie juste comme il faut, comme sur l'ensemble de l'album d'ailleurs.

Tout se termine avec The Nightmare of Aeon, chant funèbre du guerrier, titre prenant et puissant, qui clôture avec brio cet album généreux, qui ne lâche rien et prouve avec un savoir-faire impertinent qu'il y a bel et bien une place aujourd'hui dans le heavy "à l'ancienne", comme le pratiquent des groupes comme Wisigoth ou Warrior Path, et ce Portrait dont je parlais en début d'article. Et pour les fanas du support, vous pouvez vous pencher sur les textes, qui dévoilent un concept album basé sur l'entropie, ce déclin vers le désordre qui a marqué ces deux dernières années et marquera le monde pour longtemps.

Note : 10/10, avec un album qui prend ses marques pour rester dans mon top 2022, carrément !

Facebook   (je ne mets pas le lien vers Bandcamp car de l'aveu même du groupe, le prix du téléchargement est... prohibitif !).

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