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Redshark - Digital Race (25 mars 2022)

Publié le par Stéphane DELURE

 

Formé en 2012 à Barcelone et déjà fort de deux EP et d'autant de singles, Redshark se revendique de plusieurs scènes, surtout avec l'arrivée de son premier album, Digital Race. L'incorporer dans le mouvement de la New Wave Of Traditionnal Heavy Metal est une évidence, surtout à l'écoute des deux premiers titres, qui puisent dans les grands noms de la scène heavy des années 80 (de Maiden pour les twin guitars jusqu'à Judas Priest pour quelques riffs et de menues touches électroniques à la Turbo, mais on peut penser à plein d'autres). The Drill State et Never Too Late sont ainsi une excellente façon d'ouvrir les hostilités, sans pour autant révolutionner le genre. C'est cependant avec l'arrivée du troisième morceau, Digital Race, que tout prend une nouvelle dimension, avec une orientation beaucoup plus agressive, tant dans le ton que dans les paroles. C'est que ça devient sérieux d'un coup, avec ambiance carrément plombée, et on emprunte la voie du thrash des années 80, sensation renforcée par la voix éraillée de Pau Correas (qui succède depuis l'EP Evil Realm, 2019, à Philip Graves, membre fondateur du groupe, maintenant pleinement concentré sur sa guitare), qui nous rappelle un certain Bobby "Blitz" Hellsworth (ben... Overkill bien sûr ! Celui qui savait pas il sort de la salle sans claquer la porte !), de la puissance en plus (si si !). L'indice qui montrait que l'on allait tendre vers du thrash était également présent dans la pochette, avec cet artwork signé pour la troisième fois par l'artiste espagnol José Antonio Vives, qui a créé avec notre Redshark (prénommé Fred paraît-il) une mascotte digne de celles des albums de thrash des années 80/90, souvent signées Repka et autres cadors du genre.

Côté musique, le duo Philip Graves/Javier Bono à la guitare, Mark Striker à la batterie et Chris Carrest à la basse ne démérite jamais, même sil faut tout de même avouer que si le potentiel est là, bien mis en avant par une production de qualité, les compositions sont trop carrées, manquent d'audace et d'invention, de breaks qui pourraient faire toute la différence. Le changement de chanteur est probablement la meilleure idée du disque, laissant à Pau Correas l'occasion de donner toute la mesure de son talent et d'impressionner avec sa voix puissante. Son moment de gloire éclate sur deux titres, entrecoupés d'un étrange interlude électronique (Arrival, tout à fait logique dans le thème abordé par l'album, mais surprenant par ses accents synthwave). Le titre éponyme lui permet ainsi de se lâcher, d'abandonner les schémas du heavy traditionnel et d'imposer une sacrée menace avec ses hurlements et son chant rappelant Overkill. Ce titre étant de plus animé par des instruments plus inspirés (la guitare, la batterie en mode "cognée de bucheron"), on touche ici un titre phare dans la discographie du groupe, au fort potentiel scénique. Puis déboule Mars Recall, lancé par une double pédale et qui ensuite tisse à coups de riffs et d'une rythmique d'enfer un parfait écrin pour la voix du chanteur, plus puissante que jamais et qui nous laisse la bouche grande ouverte. Un titre réellement impressionnant, qui mêle le meilleur du heavy, du power et du thrash et reste pour moi le meilleur de l'album. On redescend d'un cran avec Kill The Idol, titre n'ayant rien de transcendant, mais dont le refrain se tient et à la vitesse contagieuse, sans oublier cette voix qui donne tout, comme si la vie du frontman en dépendait. La sensation de déjà entendu s'installe avec The Death Rides, titre pourtant agréable et féroce, avec notamment ce refrain sur lequel Pau s'arrache les cordes vocales et comme dit dans le texte, "push my limits". C'est efficace, mais ça commence à tourner en rond, malgré ce break de guitare il faut bien l'admettre assez bien fichu.

Retour à du heavy pêchu et à une voix plus en retenue sur Burning Angels, mais là on commence à s'ennuyer ferme et chercher la sortie. Pourtant le groupe tente, ose un peu et se frotte même à l'exercice casse-gueule de la power ballade. avec Pallid Hands, qui peut faire penser à un mélange de Pantera et Testament. Le problème est que même si la chanson reste de qualité, le groupe a totalement oublié d'injecter ce frisson, cette menace qui faisaient la force des groupes cités. A retenir le jeu de guitare acoustique totalement ibérique et le cri qui suit, mais cela fait peu et ne frôle pas les mollets du Soulitude d'Overkill. 

L'ultime acte d'agression, I'm Falling, ne permet malheureusement pas de clôturer l'album sur une note intéressante, trop timide et redondant, avec en plus une fin en mode retour acoustique aux échos de vieux vinyle, le tout se terminant sur un sifflement de cow-boy qui partirait dans le soleil couchant.

Digital Race reste un album très recommandable, agréable à écouter et fort de quelques titres réellement excellents, mais il peine à sortir du lot pour le moment. Je dis bien "pour le moment", car avec les qualités qu'il possède, le groupe a de quoi nous réserver de belles surprises dans le futur. A surveiller, et avec sa mascotte, ce sera facile !

 

Note : 06/10

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