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Demons Down - I Stand (10 mars 2023)

Publié le par Stéphane DELURE

 

Nouveau groupe créé par le label italien Frontiers, Demons Down est par définition une nouvelle créature du Frankenstein régnant sur le hard-rock mélodique depuis déjà presque 30 ans, qui prend ici et là, fait les sutures, et envoie le tout vers la cime de la tour, à grands renforts de cliquetis de chaînes, attendant que l'orage gronde et donne vie à l'ensemble, sous l'œil intéressé de son gourou du moment, Alessandro Del Vecchio, tazer d'ailleurs en main ici (production, composition, claviers). La sauce prend souvent (Lords of Black, The Ferrymen, nous reviendrons d'ailleurs plus loin sur le pourquoi de ces noms plutôt que d'autres), mais laisse parfois un sentiment étrange, celui de voir s'animer un monstre sans... âme, même si parfois son nom est prestigieux, sorti du fond des âges, Praying Mantis par exemple, dont le son AOR actuel ne rappellera plus à grand monde le son de ses origines et sa présence sur la compil légendaire Metal for Muthas.

Qu'en est-il alors de ce Demons Down, enrobé dans une pochette classique, sombre mais belle ? 

Le projet est épicé, puisqu'italo-americano-chilien, du fait de l'origine de ses membres : l'Italie avec la présence du guitariste Francesco Savino (False Memories et son metal gothique), Chili avec la voix incroyable de James Robledo (Renegade, Sinner's Blood, un premier album solo et guest actuel du dernier Magnus Karlsson's Free Fall, sur le superbe morceau Far From Home), puis américain avec la présence de membres ou ex-membres de House of Lords (et autres groupes) : Jimi Bell à la guitare, l'excellent bassiste Chuck Wright (ex-Quiet Riot) et le batteur émérite Ken Mary. Rajoutez à cela les claviers eighties savamment placés par Alessandro Del Vecchio, et vous obtenez un hard-rock mélodique typé 80's voire début 90's, du genre Rainbow ou... House of Lords, avec une production moderne mettant chaque note en évidence. Histoire d'appuyer un peu plus sur... House of Lords, se rappeler que le troisième album des ricains, sorti en 1992, se nommait... Demons Down ! Gene Simmons a déjà ressuscité le Phénix HoL des cendres de Giuffria, de là à y voir une nouvelle extension de l'oiseau fabuleux, cette fois-ci revenu en Italie...

Impossible donc de ne pas être emporté par le morceau éponyme, qui ouvre l'album en fanfare avec sa rythmique orientale et nous transporte avec la voix phénoménale de James Robledo, rappelant ici Russell Allen (et parfois Jorn Lande sur d'autres morceaux), s'envolant avec majesté sur des arabesques tracés dans le vent (mais comment fait-il ? Il invoque même Stormbringer !). Rien de compliqué dans la structure du morceau, où chaque instrument joue de sa partition comme il le faut et le temps qu'il le faut, on regrette juste - et ce sera le même constat sur l'ensemble des titres - l'absence d'une envolée plus risquée, d'un break ou d'un pont qui changerait tout, complexifierait un peu l'ensemble, et pourrait lui permettre de tutoyer le Symphony X des débuts. Mais difficile aussi de bouder son plaisir et de ne pas se laisser entraîner dans cet album consistant (52 mn). Certes, pas de prise de risque, et l'on navigue à vue dans un schéma classique couplet/refrain/solo, qui offre cependant son joli lot de morceaux entêtants (Follow Me, I Stand, Down In A Hole), le hard-rock se teintant parfois de riffs plus agressifs (Disappear) sans pour autant perdre son côté fortement mélodique. Le groove rappelant House of Lords est bien présent, sans cependant jouer la simple copie carbone, laissant apprécier le savoir-faire indéniable de chaque musicien, tous parfaits dans leur rôle (mention spéciale au batteur, qui livre tout du long un travail irréprochable, je pense notamment à l'ouverture accompagnée des claviers de Down In A Hole, tout simplement sobre et superbe, qui permet à la guitare de se lancer de la plus belle des façons).

Celui qui emporte l'adhésion de cet album est incontestablement le frontman James Robledo, chilien à la voix extraordinaire, qui rappelle que ce pays a déjà fourni ces dernières années une sacrée voix, Ronnie Romero (les deux ont d'ailleurs croisé le fer lors d'un duo sur un album du premier groupe de James, Renegade). Qu'il s'envole sur le premier titre en des notes hors de portée du tout venant ou s'aventure sur la power ballade (On My Way To You, frissons assurés sur un format pourtant balisé qui rappellera certains exercices de style des premiers Symphony X). C'est ici que je reviens à ma citation des groupes Lords Of Black et The Ferrymen, tous deux signés chez Frontiers et dans lesquels officie Ronnie Romero : all star band au départ, le succès fut au rendez-vous et a donné envie aux groupes de poursuivre l'aventure et de devenir ce qui chez Frontiers ressemble le plus à la définition d'un "groupe". C'est ce qui manque pour moi chez Demons Down, l'absence de cette personnalité réelle qui nait en général lorsque des artistes se sont rencontrés, ont échangé, partagé une vue et couché le tout dans un studio avec une belle connivence qui transparaît dans la musique. Le label italien a une nouvelle fois placé ses pions sur l'échiquier, puisant dans son vaste vivier de talents - talents dont le savoir-faire est ici je le répète indéniable, voire brillant -, et laissé tout ce petit monde jouer sous la baguette de Del Vecchio. Je me souviens avec nostalgie de la personnalité toute autre qu'avaient dans un style assez proche, les suédois de Majestic, devenus Time Requiem, mais également Meduza (groupe du chanteur de Majectic), qui avaient un temps comblé les attentes du public durant l'une des longues pauses de Symphony X. Nous étions ici dans une toute autre catégorie.

Demons Down reste cependant un album plus que correct, bien au dessus du lot des tonnes d'albums que je peux découvrir chaque mois, quel que soit le genre. Il remplit les cases, même s'il lui manque une réelle personnalité, propre cependant à ravir les amateurs de belles voix et de mélodies accrocheuses. Le nouvel album solo de James Robledo est prévu pour juillet 2023, chez Frontiers, et nul doute qu'un jour prochain le chanteur va intégrer un nouveau projet (parions sur Karlsson, un album entier, et peut-être même un album de duo avec Ronnie Romero !). 

Note : 07/10 (dont + 1 grâce à la voix de James et + 1 pour le travail réjouissant du batteur, qui ne démérite pas un seul instant). Allez, en cadeau, les deux clips issus de l'album !

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