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Retour à Arkham - Robert Bloch (1979)

Publié le par Mordhogor

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Robert Bloch, pour ceux qui ne connaitraient pas, est un écrivain américain né le 5 avril 1917 à Chicago et mort le 23 septembre 1994 à Los Angeles. Il a donné dans le roman policier et fantastique, mêlant son travail de création à l'univers du cinéma et de la télévision puisqu'il fut scénariste. Et tout le monde connaît l'adaptation de son roman par Alfred Hithcock, je veux bien sûr parler de Psychose ! Et oui, c'était lui.

Bien avant cela, le jeune Bloch, à l'âge de 10 ans, fut frappé par l'univers des pulps (revues bon marché comme Weird Tales, narrant des aventures fantastiques et d'épouvante). Il fit ainsi une rencontre littéraire qui allait changer sa vie à tout jamais, celle de l'écrivain de Providence, Howard Phillips Lovecraft. Il n'y avait bien sûr pas internet à l'époque, mais dès l'âge de 15 ans, le jeune Robert échangea une correspondance fournie avec HPL et devint très vite un ami ayant trouvé sa place dans son cercle d'écrivain (cercle plutôt fermé car rappelons au passage que Lovecraft, dans sa vision de l'écriture en tant qu'art se suffisant à lui-même, était assez élitiste). L'échange épistolaire guida le jeune écrivain dès ses premiers pas et ne cessera qu'en 1937, avec la mort de Lovecraft. Autant dire que l'écrivain de Chicago fut dès ses premières oeuvres placé sous la plus belle des ailes de l'effroi. Les deux auteurs se livrèrent même à un jeu assez cocasse (si on aime l'humour noir !) puisque Bloch demanda la permission à Lovecraft de faire intervenir ce dernier dans l'une de ses nouvelles, sous la forme d'un faux nom ; ce fut chose faite avec Le Visiteur Venu des Etoiles (ou Le Tueur Stellaire selon certaines éditions). Par jeu, Lovecraft intégra dans sa nouvelle Celui qui Hantait les Ténèbres le personnage fictif de Robert Blake, qui connut un sort atroce. Il y eut une réponse posthume de Bloch, dans la nouvelle L'Ombre du Clocher.

Prolongeant le jeu littéraire de Lovecrat qui consistait à imaginer un ouvrage maudit ainsi que son auteur, Bloch créa le célèbre De Vermis Mysteriis (Les Mystères du Ver) attribué à Ludwig Prinn.

Robert Bloch créa comme tant d'autres des nouvelles explorant les territoires sombres créés par Lovecraft. On le connaît à ce sujet pour sa série de nouvelles se déroulant en Egypte (ce qui changeait de la traditionnelle Nouvelle-Angleterre !) et mettant en scène l'avatar de Nyarlathotep, le Pharaon Noir Nephren Ka (et comme pour Lovecraft, des groupes de Metal lui rendent régulièrement hommage, merci notamment à Nile avec Amongst the Catacombs of Nepheren Ka ainsi qu'au tryptique mettant en scène le dangereux trapezohédron dans l'album de The Vision Bleak, The Wolves Go Hunt Their Prey).

Et en 1979, à une époque ou Bloch n'avait plus rien à prouver en matière d'écriture, l'écrivain va rendre un nouvel hommage au Maître de Providence, en imaginant le récit de Retour à Arkham. Attention ! Il faut lire cet ouvrage pour ce qu'il est, un retour nostalgique vers ces années de lecture qui ont  fasciné à tout jamais l'écrivain de Chicago, et ne surtout pas l'appréhender comme une oeuvre novatrice, auquel cas vous serez fort déçu.

Le roman, est découpé en trois parties clairement découpées dans le temps(Maintenant, Plus Tard, Bientôt) et narre les aventures de personnages liés par la découverte d'objets laissant à penser que le Mythe inventé par Lovecraft n'en était peut-être pas un. Le roman est ainsi lié à la découverte par le héros d'un tableau qui s'avère être le fameux Modèle de Pickman (titre d'une nouvelle de HPL). Bloch s'amuse alors à reprendre les scénarios de plusieurs histoires de HPL, allant même jusqu'à citer nommément Lovecraft dans le récit. Chaque nouvelle citée s'illustre par une intervention réelle et brutale dans notre monde de Cthulhu ainsi que de sa cohorte de séides et de Grands Anciens. Fait intéressant qui mérite d'être relevé, une femme se taille la part du lion, même si le sort qui lui est réservé n'a rien à envier aux traditionnels "héros" lovecraftiens. Le livre se termine par une vision pessimiste du destin de l'humanité, dans lequel les hommes se battent contre les Anciens Dieux, lutte inutile et futile contre ce qui ne peut mourir !

”… Il s'agita et les eaux montèrent soudain en bouillonnant, répondant à son appel… Il se dressa et les montagnes tremblèrent, s'enfonçant dans la mer. Le temps s'arrêta… La mort mourut… Le Grand Cthulhu prit possession du monde et ce fut le commencement de son règne éternel.”

 

Un bon ouvrage, mais qu'il ne faut lire cependant en n'attendant rien de plus qu'un hommage. La succession de scènes déjà connues peut gâcher un peu le plaisir, mais donnera à coup sûr l'envie de se replonger dans les originaux, tellement plus savoureux. Et Lovecraft est présent, fantôme hantant encore une fois en tant que "héros" les pages de Robert Bloch...

 

Bonne lecture,

 

Stéphane DELURE

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