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Ghost - Kiss The Go-Goat (single-vidéo, 13 septembre 2019)

Publié le par Stéphane DELURE

 

Ghost est grand. Ghost est immense. Depuis la sortie en 2010 d'Opus Eponymous, le groupe n'a cessé de gravir les échelons et de déchaîner les passions, surfant plus haut que les autres sur la vague revival des seventies. Tobias Forge, l'homme derrière le masque, est la clé de ce succès, véritable génie ayant su parfaitement gérer sa vision intransigeante du groupe (l'anonymat, le côté satanique, l'évolution de son personnage Papa Emeritus) et digérer ses nombreuses influences, qu'elles louchent du côté de Blue Öyster Cult, Alice Cooper ou même Abba. 

Allant une fois de plus à l'encontre de la logique du marché du disque actuel, Ghost sort un nouveau format, venu de nulle part et précédant la sortie imminente - le 27 septembre 2019 ! -, du coffret Prequelle Exalted

C'est ainsi que fut révélé ce matin la vidéo d'un nouveau titre, Kiss The Go-Goat, qui devrait faire partie non pas d'un nouvel EP mais d'un... 45 tours, nommé 7 Inches of Satanic Panic ! La face B - appelons-là ainsi pour le moment ! -, portera le doux nom de Mary On The Cross.

 

La pochette est un indice évident sur le style musical emprunté par le groupe, mais plus encore, le contenu du clip nous donne de plus précieux renseignements. Nous y trouvons un Papa Nihil aux yeux vitreux, diminué, discutant, entre les murs d'un sanctuaire mi-église mi-morgue, avec une marâtre ayant sur lui le dernier mot. Il jalouse visiblement le succès d'un certain Cardinal (le Cardinal Copia, évidemment), et semble vouloir tenter sa chance en revenant sur le devant de la scène. Lui est rappelé par la blonde vêtue de noir ce qui s'est passé la dernière fois qu'il a essayé...

La musique alors se lance, issue d'un passé fantasmé, au bord de la fin des sixties. Papa Nihil y est alors un jeune prêtre, arborant col blanc et des cheveux noirs et longs, un maquillage hypnotisant, et se produit sur la scène du mythique club Whisky A Go-Go, un certain 13 septembre 1969 (lieu où se produisit la même année Alice Cooper, tiens donc). Ses goules l'accompagnent déjà, le visage orné d'un masque réduit à sa plus simple expression : plus de capuches, leurs cheveux sont clairement dévoilés, c'est une époque de liberté. Un parterre de femmes toutes plus belles les unes que les autres se trémousse devant la scène, visiblement en pâmoison devant leur idole, alors qu'une belle blonde un rien hautaine assiste au concert du balcon, écrasant soudain une cigarette sur une rivale potentielle. 

 

Le chanteur descend alors dans la fosse et embrasse deux jeunes femmes, puis la blonde s'en va. On devine aux paroles qui suivent, lorsque l'on revient dans le temps présent, qu'il s'agissait de la marâtre veillant encore sur le Papa vieillissant, et que celle-ci n'est autre que... sa sœur (à voir cependant si le mot "sister" est à prendre ici au sens commun ou au sens religieux, ce qui change évidemment tout, même si l'inceste n'est pas ici déplacé). Notre Papa facétieux tente une ultime pirouette et sort d'un tiroir le fameux 45 tours à la pochette résolument psychédélique, proposant une nouvelle édition pour les 50 ans de l'événement.

Malin, et encore une fois un clip très réussi, jouant sur les mots - "Whisky A Go-Go" contre "Kiss The Go-Goat" ("embrasse la chèvre") -, s'amusant avec les clichés d'un monde de liberté musicale et sexuelle parfaitement retranscrits, un univers d'ailleurs assez proche des derniers shows de Ghost, avec un Cardinal Copia plus mobile, jouant avec la foule et taquinant les jeunes femmes, débarrassé des lourds oripeaux contraignants de la papauté. On pense à la Hammer, avec ce grotesque décorum satanique, et notamment à Dracula 73, où Christopher Lee cabotinait au milieu des hippies. Et la musique dans tout ça ? Eh bien Papa Nihil avait bel et bien sorti un imparable tube ! Tobias Forge mêle avec aisance guitares 70's, synthés psychédéliques et une pop capable de faire danser la planète entière. Et quelle voix ! Un charme à elle seule. Sortir un tel titre après la réussite renversante qu'était Prequelle montre que Tobias ne relâche pas la pression et se montre plus que jamais concentré sur son univers musical, univers qui chaque jour contamine de plus en plus d'adeptes.

Le temps de cette chronique, j'ai dû écouter le morceau plus de dix fois... et je crois bien que je vais continuer ! Et vous ?

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