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Troll - Lumsk (2005)

Publié le par Mordhogor

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En cette fin d'année, lorsque l'hiver devient fête et que le froid peut se faire chaleureux, il est je vous le dis agréable de se plonger dans le folklore norvégien !

Que diriez-vous d'une promenade dans un univers étrange, secoué par des vents froids mais peuplé de légendes propres à vous réchauffer le coeur ?

Les trolls font partie intégrante de la mythologie et du folklore scandinave. Bien éloignés des géants dévoreurs de chair humaine que l'on retient de la littérature issue de l'oeuvre de J.R.R. Tolkien, ces forces telluriques se cachent partout dans la nature sauvage de Norvège. Ils prennent l'aspect de montagnes vivantes et donc mortelles, taisant leur nom qui s'il était connu mettrait fin à leur vie, se terrent au fond d'un fjord, prêts à entraîner dans les profondeurs de leur demeure lacustre les jeunes femmes qui auraient le tort de passer à portée, nous apprendrons aussi que l'un d'entre eux aida un roi à bâtir une cathédrale, que d'autres, ayant abusé de la divine boisson, oublièrent que le soleil se levait et se changèrent en pierre (n'en venez pas à croire que je maîtrise le norvégien, tous les textes étant écrits dans la langue natale du groupe, non, c'est tout simplement que Lumsk a eu la bonne idée de présenter en anglais chacune des légendes abordées).

Le travail des norvégiens, depuis leurs débuts en 1999, va au-delà du simple hommage musical aux légendes de leur pays, il représente également la défense d'un patrimoine, d'une identité culturelle vieille de plusieurs siècles.

Et les norvégiens originaires de Trondheim savent mieux que personne nous entraîner dans la magie de ces légendes païennes, et ce même si nous ne comprenons pas un traître mot aux textes (sauf là encore si vous maîtrisez le norvégien, bien entendu !). 

Sur leur premier album,  Åsmund Frægdegjevar (2003), Lumsk avait su mêler de façon fort étrange un doom metal à la fois lourd et sombre avec le folk metal d'ordinaire plus joyeux. Sans se contredire, la fusion des genres avait opéré et livré un bien beau disque sur lequel je vous promets de revenir bientôt.

Puis tout devînt compliqué quand le guitariste et principal compositeur ainsi que la chanteuse partirent, sans doute happés par un troll facétieux au sortir d'un concert par une froide nuit d'hiver. 

Mais les norvégiens étant de solides âmes bien trempées et il leur fallait bien plus que cela pour se décourager. Non seulement le recrutement allait être de qualité, la chanteuse Stine Mari Langstrand dépassant selon moi la pourtant douée Vibeke Arntzen, mais les ambitions du groupe allaient se révéler à la hausse.

Sur Troll, le doom s'efface peu à peu dans la brume, ne faisant que quelques apparitions fugaces présentes pour mieux souligner la rudesse de certaines légendes, comme sur  Åsgårdsreia et le triste sort de ces âmes ni trop bonnes ni trop mauvaises condamnées à errer dans les cieux jusqu'au Ragnarok, montés sur un destrier noir, le Vetter. La voix sombre et incroyablement grave d'Andreas K. Elvenes, invité sur cet album, convient parfaitement au ton voulu sur le morceau, le tout souligné par des violons stressants au possible, bien plus inquiétants que des guitares distordues. Perpålsa suivra la même logique, avec cependant des violons un peu plus joyeux et des choeurs typiques du folk, le tout pour imager le thème du peuple souterrain et de son caractère... lunatique. Il y a encore quelques guitares aux lourds accords sur le splendide morceau d'ouverture, Nøkken, mais la mélodie est si enchanteresse que nous sommes vite emportés dans le flot du violon et de la voix de Stine Mari sans trop remarquer ces noirs rochers qui percent la forêt, encore un brin menaçants.

Sur Troll, de nouvelles influences arrivent, certains morceaux, comme le sublime Trolltind dont je vous propose le clip si étrange en fin d'article, se parent d'éléments progressifs, avec son intro au piano, les accents de sa basse grondante, et ce trombone sorti de nulle part, trouant la nuit telle une fulgurance jazzy et donnant de la douceur à ce titre merveilleux qui narre la tragique histoire de ces trolls imbibés de boisson par une nuit festive et ayant oublié dans leur gaieté que le jour se levait : ils sont aujourd'hui montagnes figées pour l'éternité.

Allvis est encore plus représentatif de cette nouvelle tendance, qui voit le folk metal s'effacer au profit d'un son progressif de plus en plus présent, nullement teinté du moindre accent metal, si ce n'est une basse toujours présente, mais bien plus jazz que metal. Les doux accents de cette charmante ballade narrent l'histoire d'un nain malin et amoureux qui dupa Thor afin de prendre pour épouse une vierge qu'il aimait. Le duo composé par Stine Mari et Andreas y est tout simplement magique.

Afin de mieux illustrer son propos, le groupe a confié la rédaction des textes à un couple de folkloristes, Birger et Kristin Sivertsen.

Les deux seules femmes du septet sont peut-être une minorité au milieu de ces géants barbus qui leur donnent la réplique, mais elles illuminent chacune des compositions de l'album.

La première est évidemment la chanteuse, Stine Mari Langstrand, formidable de maîtrise dans le lyrisme qu'elle transporte, et bien plus douée que nombre de ses consoeurs plus connues (non, je ne donnerai pas de noms !). Elle nous immerge avec aisance dans l'univers de ces contes pour grands enfants que je trouve passionnants. 

La seconde est la violoncelliste Siv Lena Waterloo Laugtug (oui, je sais, pas facile à porter !), toujours aussi douée à plaquer des notes aussi bien joyeuses que frappées de mélancolie, et prompte à transformer quelques accords en images qui s'imposent à nos yeux, ou en sentiments qui nous bercent le coeur.

Grâce à elles deux - et à Andreas, il faut aussi l'avouer, son timbre unique étant un réel plus pour l'album -, même le long morceau Blæster (culminant à 8mn30), passe agréablement, comme le lent vol d'un oiseau dans le fond d'un vallon, par un petit matin brumeux.

Avec cet album, on sentait déjà venir le futur du groupe, avec Det Vilde Kor (2007), qui allait devenir un genre à part, véritable oeuvre musicale dépouillée, à peine rattachable au rock folk, dépouillé au possible, et plus orienté vers le piano et le trombone, mettant cette fois le violon plus en retrait. Peu importe la forme finalement chez Lumsk, car ce qui compte, c'est le fond, celui qui parle des légendes, qui nous transporte au fond de vallons enneigés, dans des clairières au sein desquelles des créatures étranges se chantent leur amour ou se mêlent du quotidien des humains.

La seule chose qui me chagrine, c'est que depuis ce troisième album sorti il y a déjà 5 ans, le groupe n'a rien sorti...

 

Allez, je laisse la magie parler et vous laisse avec Trolltind et son clip enchanteur,

 

Bonne écoute !

 

Stéphane DELURE 

 

 

Commenter cet article
G
<br /> j'espère le voir bientôt ce film, chouette du film épique pour les fêtes....!<br />
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G
<br /> un morceau qui ne dépareillerait pas dans une Bo du seigneur des anneaux....reposant...<br />
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M
<br /> <br /> Je sors justement du Hobbit, et bien le film est une belle réussite. Bon, on retrouve une communauté, une quête, un anneau, mais tout cela est très bien troussé et narré. Et il y a enfin des<br /> nains ! Et que la musique est belle, notamment le thème des nains.<br /> <br /> <br /> <br />