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Where At Night The Wood Grouse - Empyrium (1999)

Publié le par Mordhogor

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Empyrium !

Un joyau musical, mais un groupe vraiment difficile à chroniquer. Car avec les allemands Markus Stock et Andreas Bach,- le premier étant plus connu désormais sous le pseudonyme de Ulf T. Schwadorf, officiant chez The Vision Bleak notamment -, nous ne sommes pas simplement confrontés à une musique, mais plus justement à une atmosphère. Et qu'il est difficile de décrire la beauté du vent s'engouffrant dans des vallons enneigés, la magie des sous-bois plongés dans l'ombre d'une aube qui se lève ou d'un jour qui se couche.

C'est pourtant à cet exercice que se livre le duo teuton, trouvant dans la nature l'inspiration qui lui a déjà permis de nous livrer les très beaux A Wintersunset (1996) et Songs of Moors and Misty Fields (1997).

Comme la nature que le groupe admire, le duo ne se fige pas mais évolue dans un spectre d'émotions différentes. Le temps est à l'épure, et nul grognement - ultime et fragile indice qui pouvait jusqu'alors intégrer Empyrium dans la mouvance du doom metal - ne viendra hanter les neuf plages de ce court, trop court album (32 mn !). Nul son de batterie, si ce n'est cette caisse claire qui viendra quelques instants rehausser la rythmique du morceau éponyme.

Comme instrument, le duo va tout d'abord utiliser le vent, qui ouvrira l'album de façon magistrale et douce, en nous glaçant mais aussi nous plongeant dans une nature sauvage où l'homme n'a pas vraiment sa place, sinon celle du spectateur figé dans le spectacle intense de paysages qui se laissent découvrir.

La meilleure façon d'écouter l'album est de se plonger dans le noir et de laisser dériver son imagination. On peut aussi, grâce à la magie des formats MP3, se plonger plus humblement dans ce monde qui se livre, un monde à la croisée de l'automne et de l'hiver, en marchant au travers de paysages tels que ceux montrés dans le splendide livret en papier recyclé, imagé de photographies en clair-obscur à l'envoûtante et inquiétante beauté.

Un coq de bruyère dont la silhouette se mêle au feuillage d'un pin, des arbres à l'écorce claire émergeant du tapis couvert de mousse de la forêt profonde, un hibou couvert de neige, un étang couleur d'argent avec en fond une vaste forêt à moitié avalée par la brume... Et nulle part la moindre photo des artistes, comme si ces derniers avaient voulu s'effacer devant la vision qu'ils souhaitaient livrer de cette nature sublimée.

Et mis à part le vent, me direz-vous, qu'entend-on dans cet album ? De la guitare, acoustique, à l'approche sobre et classique, de la flûte à bec (jouée par Nadine Moelter), quelques nappes de claviers atmosphériques, mais vraiment très légères, à peine remarquables, et puis la voix discrète de Thomas, relevée par le chant de Markus (sur la très belle et moyenâgeuse Many Moons Ago...), chant lui-même rehaussé par des choeurs ici présents pour mieux dévoiler le caractère sacré de la nature qui nous entoure.

Les cinq premiers titres sont encore emprunts d'une ambiance fortement intimiste et mélancolique liée aux premiers temps du groupe, nous livrant quelques perles comme la chanson éponyme, puis Dying Brotenhearted ou encore Shepherd and the Maiden, sans oublier le très bel instrumental Wehmut, puis à partir de Pastoral Theme, tout devient un peu plus léger, comme si l'on sortait de la forêt emplie de solitude pour y trouver un peu de vie, une vie simple, suggérée par l'ambiance moyenâgeuse.

Je n'irai pas jusqu'à dire que Many Moons Ago..., le morceau que j'aime le plus avec le morceau éponyme, est un titre bucolique, mais il contient une légèreté peu rencontrée jusqu'ici dans l'imaginaire des allemands.

On termine avec une reprise d'un morceau tiré du précédent album, Songs of Moors and Empty Fields, When Shadows Grow Longer, qui, loin de jouer un rôle de remplissage, offre la preuve évidente du virage que le groupe a effectué - et qu'il accentuera sur Weiland, dernier album du groupe - en imposant une magnifique version acoustique qui change complètement la donne, gonflée par des choeurs christiques.

Un magnifique album que nous a livré là Empyrium, dont je ne recommande cependant pas l'écoute au volant d'une voiture.

Me viennent étrangement à l'esprit les peintures si chères au Caravage ou à Léonard de Vinci, un peu comme si le groupe allemand avait traduit en musique la magie du clair-obscur.

A noter qu'en 2010, Prophecy Productions a annoncé la reformation du groupe, et nous attendons toujours...

Voilà, il est tant que je m'efface et laisse la place à la musique, en l'occurence Many Moons Ago..., pour la joie qu'elle procure.

 

Je vous souhaite en attendant une bonne écoute

 

Stéphane DELURE

 

  
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G
<br /> Ce morceau  qui ferait penser à une oeuvre médiévale est surprenant .... <br />
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